L’esprit des formes chez Edmée Guyon
Les sculpteurs rêvent avec leurs mains. Et comme les images des rêves ne sont jamais statiques, c’est dans la représentation du mouvement que s’expriment le mieux les rêves des sculpteurs. Il en est ainsi avec Edmée Guyon. Chacune de ses sculptures est comme la synthèse d’un mouvement où s’unissent forme physique et aspiration spirituelle.
Cette forme est parfois issue d’un motif puisé dans la nature et le plus souvent évocateur de l’espace : ligne de crête d’une vague, mouette en plein vol, nuage modelé par le vent. En cela, on peut voir un écho des spectacles familiers offerts aux yeux d’Edmée Guyon dont le refuge de prédilection est situé face à la mer. Mais, pour elle, ce sont moins des modèles que des signes déterminatifs qui l’entraînent ou qu’elle entraîne loin de leur réalité tangible. L’abstraction commence avec leur métamorphose, dans le passage à une signification dont leur mouvement même impliquait secrètement l’esprit.
Opération intellectuelle, l’abstraction en art prend une dimension nouvelle lorsqu’elle dépasse la seule recherche esthétique pour atteindre à l’expression d’une idée qui ne se sert de l’objet que pour le transcender. Cest ce qui fait le caractère fondamental du travail d’Edmée Guyon. Dans le jaillissement d’une ligne et sa netteté, dans la grâce d’une courbe et la rigueur d’un équilibre, se révèlent un souci de pureté, la générosité d’une offrande, un rêve de lumière heureuse et, par-dessus tout, un élan spirituel, que ses mains savent inscrire dans ces volumes et sur ces surfaces qui souvent se destinent à l’ensoleillement final que leur donnera le bronze poli.
Mais, quel que soit le matériau utilisé, du plus ductible – la terre ou le plâtre – au plus dur – le marbre -, ce qu’elle lui transmet avec une ferveur communicative, une ferveur qui nous atteint à travers les formes nées de son imagination, c’est ce qui l’habite elle-même comme énergie motrice de son pouvoir créateur : la vibration ardente d’une voix intérieure qui ressemble à un hymne à la vie.
Jean Selz, historien d’art.
Si Edmée était une oeuvre d’art :
« J’aime le buste de Nefertiti pour sa grâce et la rigueur des plans. C’est l’art égyptien qui m’a donné envie de devenir sculpteur ».
Si Edmée était un musée :
« L’archipel de Chausey est pour moi un musée naturel. Les formes et les volumes sont bien plus variées et inattendues que les objets d’art dans un musée construit par les hommes ».
Si Edmée était un monument :
« Le Taj Mahal, parce que c’est comme une fleur qui s’ouvre au lever du soleil. C’est aussi un hymne à l’amour ».
Si Edmée était une couleur :
« Le blanc met en valeur toutes les autres couleurs ».
Si Edmée était une musique :
« Spiegel im Spiegel d’Arvo Pärt (version pour violoncelle et piano), incarne pour moi la maxime : « Plus c’est simple, plus c’est vrai « . »
Photos de : © Thierry Ledoux et Thierry Jacob – 2014
ATELIER :
18, rue Henri Barbusse, 75005 Paris
Site internet : http://www.edmeeguyon.fr
